mardi 11 mars 2025

La Mère du Monde


Expression première du Mystérieux Féminin, Lao Tseu me nomme : « la Mère obscure ».

Vallée du vide, Obscur de l’obscur, racine du ciel et de la terre, Je suis :


« la Porte des Merveilles ».


Porte de la Vie, l’Un suprême, germe et semence, y demeure en Terre.


Issue originellement du non-être, ferment liquide du souffle primordial, Je suis le souffle non igné ancestral, le fondement de la force vitale et de la nature propre, la racine de l’être et du non-être, l’ancêtre du vide et du plein, le pédoncule du yin et du yang.


Existence inexistante, tel un fil de soie, mon action est inépuisable et chacun dépend de moi pour vivre.


Je régis les transformations de l’essence (blanche) qui circule par le biais de la moelle épinière (la “Voie lactée”, le “Ruisseau Cao”, le “Fleuve jaune”) et la Formation du Moi authentique (l’Enfant divin, la Conscience de Soi !).





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Je suis le Yin dont les mutations se font en douceur, s'étendent comme un flux et progressent de manière souterraine.


Au Nord, Je suis la Nuit, Je suis l'Eau qui vient d'en haut sous forme de pluie et de neige, jaillit des sources, circule sur la terre, dans les rivières et les fleuves, étant ainsi la cause de la Vie sur la Terre !


En tant que ferment liquide du souffle primordial, Je suis à la source des autres éléments.


Je suis l'Eau fluide de la Vie, les courants universels et vitaux dans lesquels vous baignez, les profondeurs insondables de l'inconscient, la Nature Naturante, le Grand Océan de Vie, la Source, l'Origine et le Véhicule de toute Vie, le lieu où la Vie germe et se développe, la Matrice d'où naissent tous les êtres, la Vierge Mère qui met au monde et qui nourrit, à jamais vierge et pure, l'Océan primordial de Lumière, au-delà de l'espace et du temps. Océan d'où tout provient, et où tout retourne… L'Alpha et l'Oméga de la conscience et de l'être, lumière indicible, sereine et joyeuse, Force de vie d'une blancheur infinie, d'une pureté totale, parcourue de grandes ondes bleues et dorées accouchant à l'Aube des temps le premier-né ! …


Eau matricielle de l'océan, origine de toute vie sur votre planète, Je m'évapore sous l'action du soleil, m'imprégne des rayonnements solaires et cosmiques, puis retombe en bénédiction sur la Terre, sous forme du blanc manteau de la neige en hiver, ou en pluie bienfaisante au printemps, y faisant germer et pousser toute vie.


Tout au long du parcours qui me ramène dans l'océan, J'irrigue la terre et y permets la floraison de la Vie une et indivisible, souple et flexible dont le visage change sans cesse…


Je vous invite à la simplicité, à tout fluidifier, à ne rien pétrifier, à lâcher-prise !


À l'Est, Je suis l'Étoile du matin, la lumière de l'Aube, le Vent doux et pénétrant, qui disperse les nuages et apporte la clarté et la sérénité.


Je suis Celle qui génère la Rosée et fait tomber la Pluie…


J'apporte la détente, la volupté et la douceur !


Reine de la Floraison, humble, patiente et pénétrante, Je m'adapte à l'environnement comme les racines. Je suis une force individuante, continue et de faible intensité, chargée d'assujettir le principe obscur, rigide et immobile, d'y éveiller le bien caché.


Je donne l'intelligence, la lucidité, la mémoire et le discernement, la ruse…


Le temps et la répétition sont mes alliés et mes moyens d'action.


Au Sud, Je suis la Nature dans son éclat, le Feu de l'intelligence du Cœur et l'Amour qui monte en flamboyant de la terre, l'esprit qui donne lumière et clarté et qui apaise les cœurs inquiets…


À l'Ouest, Je suis Celle qui rythme les marées et le cycle des fluides vitaux.


J'étais là dès l'origine de l'univers, veillant à l'équilibre de tout, au rapport harmonieux des êtres, à leur cohésion indispensable.


Je maintiens l'ordre du Ciel et de la Terre.


Je suis le principe essentiel, garant de la Vie et de la régularité de ses cycles, de leur commencement et de leur fin.


Je suis responsable du jour et de la nuit, du mouvement des astres, de la lunaison, des marées et des saisons, et de la chute des pluies.


Je suis calme, sereine, joyeuse, souriante, aimable.


Ma fermeté et ma force s'extériorisent sous une forme tendre et douce.


Persévérante, mon action est régulière.


Je donne l'intuition et le sens de la mesure.


Je suis Sophia, la Grande Initiatrice, la Mère du Verbe, la Parole…


Je suis la Poétesse, la Mère des Muses !


J'apporte le rythme, la musique, le signe, l'écriture, la poésie, les arts, la culture, les lois, l'ordre et la justice, la civilisation, la santé, le tissage…


Je suis la Guérisseuse et les oiseaux m'accompagnent…


Au Centre, Je suis le Divin Réceptacle, le Tabernacle, l'Athanor, le Champ des transformations, le lieu où s'éveille la Conscience, le lieu où toute idée prends corps et mouvement, et où tout corps se dissout, libérant ainsi l'idée qui l'animait afin qu'elle puisse retourner à sa source…


Je donne la Vie et je donne la Mort…


Lorsque Je m'ouvre, je laisse entrer la lumière divine, illuminant ainsi toutes choses.


Lorsque Je me ferme, J'embrasse toutes choses dans mon sein maternel…


Mon sein enfante les êtres, les porte et les nourrit pour les rendre beaux et splendides. Je reçois en moi la semence du principe céleste et donne aux êtres leur organisation corporelle, et fais qu'ils prospèrent et se déploient.


Je suis Reine et Souveraine…



lundi 10 mars 2025

La Grande Reine


« … m’apparut, s'élevant de la mer, une divine et vénérable face que les dieux eux-mêmes eussent adorée. Peu à peu, j'eus la sensation de voir se matérialiser entièrement son corps. Il brillait, surgissant des eaux… l'apparition avait une longue chevelure bouclée qui se répandait autour d'elle, s'écartant pour tomber de part et d'autre de son divin corps. En guise de couronne, elle portait sur la tête une quantité de guirlandes de fleurs qui s'entrelaçaient. Au milieu de son front était un petit cercle plat, une sorte de miroir ou plutôt de lune à cause de la lumière qu'il projetait. Des serpents qui semblaient se dresser hors des sillons de la terre le supportaient de chaque côté et des épis de blé jaillissaient au-dessus de lui. Ses vêtements étaient du plus beau lin nuancé de diverses couleurs, par endroits blanc et brillant, par endroits jaune comme la fleur du crocus, par endroits rouge rosé, par endroits flamboyants, et son manteau était absolument noir et obscur, avec des reflets d'un noir brillant. Elle le drapait autour d'elle, du dessous de son bras gauche jusqu'à son épaule droite, à la façon d'un bouclier. Une partie en tombait, plissée d'une façon fort subtile, jusqu'au bas de sa robe où cela faisait une pointe bien dessinée. Çà et là, sur ses bords et sur toute sa surface, des étoiles scintillaient. Au milieu d'elles, la Lune en son plein brillait comme une flamme de feu. Une couronne ou une guirlande tressée et sans brisure, faite de toutes les fleurs et de tous les fruits, suivait complètement le bord de cette merveilleuse robe. Elle portait des choses vraiment très diverses, car, dans sa main droite, elle avait un sistre de laiton, pièce de métal plate et incurvée à la manière d'une ceinture et garnie de quelques tringles qui la traversaient çà et là ; et quand son bras faisait mouvoir ces tiges groupées par trois, elles produisaient un son aigu et clair. Dans sa main gauche, elle portait une coupe d'or en forme de barque sur l'anse de laquelle, bien en haut, là où c'est le plus visible, un aspic à la gorge largement étalée dressait la tête. Ses pieds parfumés étaient chaussés de sandales à lanières ornées des palmes de la victoire. … la divine vision, exhalant le parfum des plaisantes épices de l'Arabie fertile… »

« … Je suis celle qui est la mère naturelle de toute chose, maîtresse et gouvernante de tous les éléments, origine des mondes, détentrice des pouvoirs divins, reine de tous les habitants des enfers, souveraine de ceux qui vivent dans le ciel, manifestation absolue, sous une forme unique, de tous les dieux et déesses. Ma volonté dispose des planètes du ciel, de l'ensemble des vents des mers et du lugubre silence des enfers. Mon nom, ma divinité sont adorés à travers l'univers de mille façons, en mille coutumes et sous bien des noms. Écoute bien : les Phrygiens, premiers en date de tous les hommes, m'appellent la mère des dieux à Pessinos ; les Athéniens qui ont surgi de leur propre sol, Minerve cecropienne ; les Cypriotes que la mer encercle, Vénus paphiane ; les Crétois qui portent des flèches, Diane dictynienne ; les siciliens qui parlent trois langues, Proserpine l'infernale ; les Éleusiens, Cérès leur vieille déesse ; certains Junon, d'autres Bellone, d'autres Hécate, d'autres Ramnusia, mais il y a surtout deux sortes de gens, les Éthiopiens qui habitent l'Orient et sont éclairés par les rayons matinaux du soleil et les Égyptiens qui sont excellents dans toutes sortes d'anciennes doctrines et ont coutume de m'adorer en d'exactes cérémonies, qui m'appellent par mon véritable nom : Isis, la reine. … »

Extrait de : L’Âne d’Or ou les Métamorphose d’Apulée



La Grande Reine

l’Ânesse ou la Jument Blanche


La Déesse Blanche était aussi vénérée en Gaule comme Rigantona, la Grande Reine, que l'on associait à une jument blanche conduisant les âmes vers le royaume des Morts. Les Gaulois la nommaient Épona et les Gallois Rhiannon.


En tant que déesse psychopompe du passage, du gué, du pont qui sépare le monde phénoménal et sensible de l’Autre Monde, elle était aussi nommée Ritona.


On la représente souvent comme une jument accompagnée d’un poulain, comme une cavalière, les jambes jointes sur un même flan, les pieds reposant parfois sur une tablette. Elle tient différents attributs : un joug d’attelage, une pomme, une corne d’abondance, une patère ou une corbeille pleine d’épis et de fruits. Elle est accompagnée d’un oiseau, d’un chiot, d’un enfant, d’un poulain qui le plus souvent tète sa mère ou se nourrit à la patère que lui tend la déesse.


C’était la déesse des juments et des garçons d’écurie — fêtée le 18 décembre — qui était fréquemment représentée dans les écuries, à mi-hauteur du pilier central soutenant la charpente, dans un édicule tout orné de roses.


Lors de son culte, les anciens sacrifiaient des ânes ou des chevaux.


Éléments de cosmogonie celtique de Claude Sterckx

Éditions de l’Université de Bruxelles.





dimanche 9 mars 2025

Le couple divin Mère-Fils

Le premier motif mythologique associé à ce couple divin est celui du Noun, l’Océan primordial, la Grande Mère originelle, d’où émerge le tertre primordial sur lequel la Grande Oiselle va pondre l’Œuf originel d’où naîtra le Fils Créateur, le démiurge qui a existé avant toute chose.

Le deuxième motif est celui du sacrifice originel du Créateur Purusha, qui commet l’inceste primordial avec sa fille Uṣhas « la Brillante » qui personnifie l’Aurore. Cf. Le Nombre Quatre.

Le troisième motif est celui des dieux de l’Amour : Vénus / Aphrodite et Éros son fils, qui après s’être réfugiés dans la mer, sous la forme de deux Poissons, pendant la lutte entre Zeus et Chronos accompagné des Titans, en sortent accompagnés des abeilles et autres pollinisateurs, tandis que la terre fleurit sous leurs pas.



Ce tandem fondamental se retrouve dans ceux de :


Isis / Hathor et Horus en Égypte,


Boann et Oengus en Irlande,


Belisama et Belenos en Gaule,


Epona et son poulain en Gaule (Représentations d'Epona),


Rhiannon et Pryderi au Pays de Galles,


Eostre / Ostara et son Lièvre chez les Anglo-Saxons et les Germains,


Freyja et Freyr dans la mythologie nordique,


Tchen l’éveilleur et Souen la Reine de la Floraison dans le Yi-King,


        La Mère obscure et le Père originel des taoïstes,


Marie et Jésus / Notre-Dame et son Fils dans le christianisme.



Notre Dame de Paris


Notons que plusieurs des représentations de la Dame (IsisHathorBoann, ainsi que Nout la Mère Universelle, la mère de tous les astres) sont celles d’une vache blanche aux grandes cornes ornées d’or, servant d’écrin à un disque d’or



Cette Grande Dame de tous les peuples porte de nombreux autres noms suivant les régions et les temps : Ainyahita / Anahita / Nahid, Ishtar, Astarté, Inanna, Aurora, Éos, Ushas, Freyja, Tanit, Oshun (au Niger), Flora, Maïa, Kiririsha


La Fête de la Dame


Après celle d’Imbolc, sa grande fête est celle de l’équinoxe de Printemps / Alban Eilir (OBOD - OTHA - Krapo arboricole), où l’on célèbre le renouveau de la nature.


Cette fête est aussi nommée Ostara, Eostre, NawRuz, la Fête des arbres.


Le mot « Ostara » a la même origine que les mots qui signifient Pâques en anglais : « Easter » et en allemand : « Ostern ». Cette racine se retrouve dans l’œstrus


Cette racine est également à l'origine de l'anglais moderne East « Est » via l'adverbe proto-germanique aust(e)raz.


Les coutumes traditionnelles veulent que l’on allume des feux à l’Aube pour symboliser le renouveau de la vie et la protection des récoltes.


C’est un festival de l'aube, du renouveau, de la fertilité et de la vie croissante.


Les fêtes chrétiennes associées à l’équinoxe de printemps sont les Rameaux, Pâques et l’Annonciation, situées de part et d’autre de la pleine lune qui suit l’équinoxe.


O Bélisama, Brillance de la Lumière,
Douce Beauté qui inspire les rêves
et console les âmes égarées.
Dame très Noble et Parfaite 
Toi qui chantes dans le rire des jeunes
et qui réchauffe le cœur des anciens.
Étoile du matin,
Grande Reine des Celtes, 
Devant toi nous nous inclinons,
Verse en nos cœurs
le Soleil de ton Divin Sourire,
Rouge de la grande Science qui illumine.
Qu'il emplisse nos âmes 
afin qu'elles brûlent
de Ta Royauté Sacrée.
Pour mieux te vénérer,
Verse en nos cœurs
Ton Calice de Souveraineté.


La Rose des Vents



Le jour de l’équinoxe de Printemps, le jeudi 20 mars 2025, le soleil se lève à l’Est, à l’Orient, à 07:11, à Rennes (Calendrier mars 2025).


Note : Orient est apparu au XIe siècle dans la langue française. Il provient du Latin Oriens (ou encore Orientis) qui est le participe passé de Oriri qui veut dire : se lever. Il est en rapport direct avec le lever du Soleil. Sol Oriens signifiait : le Soleil se levant.


C’est donc le moment de s’orienter !


Le Nord est alors à la gauche de l’observateur, l’Est en face de lui, le Sud à sa droite et l’Ouest derrière lui.


Depuis la Renaissance, la diffusion du sextant et les débuts de la navigation nocturne en haute mer, fondée sur l'observation de l'Étoile polaire, la civilisation moderne nous présente des cartes où le Nord est en haut, le Sud en bas, l’Est à droite, et l’Ouest à gauche.


Il existe donc une orientation ancienne, diurne / solaire, et une orientation moderne, nocturne / lunaire, qui sont inverses l’une de l’autre.


L'orientation vers le levant est propre à tous les Celtes qui désignent les points par rapport à un observateur imaginaire situé au cœur de la rose. Ainsi l’Est se trouve-t-il devant l'observateur, l’Ouest derrière lui, le Nord à sa gauche et le Sud à sa droite.


Les mêmes mots irlandais désignent d’ailleurs le bas et le Nord (ishtar), et par opposition, le haut et le Sud (tùas).


Le soleil allant de l’est à l’ouest reste au sud toute la journée et c’est la moitié claire du monde : celle des vivants et des dieu lumineux ; le soleil allant de l’ouest à l’est pendant la nuit est au nord et c’est la partie réservée au sÍd, aux morts, et aux dieux mystérieux et sombres.


Références :


1) La rose des vents et l'orientation en Bretagne (pdf. de Catherine CORVEC - Ethnologue)


2) La civilisation celtique

Françoise Le Roux

Christian-J Guyonvarc’h

L’Orientation - page 164


À minuit, si je me tourne vers la polaire, le Nord est face à moi, en haut. L’Est est à ma droite, le Sud est derrière moi, l’Ouest est à ma gauche. C’est ainsi que sont représentées les cartes modernes.


À midi, si je me tourne vers le soleil au zénith (en haut et au Sud), l’Est est à ma gauche, l’Ouest à ma droite, le Nord et la Polaire sont derrière moi.


C’est ainsi, de manière solaire, que je m’oriente et que j’oriente mes croix.


Les planètes solaires (Vénus, Soleil, Mars) sont au Sud.

Les planètes lunaires (Lune, Saturne, Jupiter) sont au Nord.

Le Mercure médiateur se tient au point d’équilibre.

Le féminin est à gauche, le masculin est à droite.



Ma maison, qui est une vieille ferme, est axée Est-Ouest, ouverte au Sud, et fermée (ou presque) au Nord.


Le visible, la création, est devant moi, l’invisible, le Créateur, est derrière moi.


Si je médite, je m’installe dos au nord, je ferme les yeux, me détournant ainsi du visible, puis je me connecte à la Polaire, et aux énergies créatrices qui en proviennent.




« Comme le vent du Sud, comme l'éclatante lumière du Midi qui caractérise la pleine connaissance des choses et la communion active avec Dieu, je viens vers le Nord, vers la brume et le froid, abandonnant partout à mon passage quelques parcelles de moi-même, me dépensant, me diminuant à chaque station, mais vous laissant un peu de clarté, un peu de bonheur, un peu de force, jusqu'à ce que je sois enfin arrêté et fixé définitivement au terme de ma carrière, à l'heure où la Rose fleurira sur la Croix. »


Déclaration de Cagliostro (1743-1795)


Sur le blog :


Prémices ! (2010)


Le Printemps est là ! (2010)


À la Claire Fontaine (2010)


Ostara et son Lièvre (2019)


Le retour d’Ostara et de son Lièvre… (2020)


2023 Année du Lièvre d’Eau - Yin (2022)


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Ostara et son Lièvre (liens non fonctionnels)