lundi 10 mars 2025

La Grande Reine


« … m’apparut, s'élevant de la mer, une divine et vénérable face que les dieux eux-mêmes eussent adorée. Peu à peu, j'eus la sensation de voir se matérialiser entièrement son corps. Il brillait, surgissant des eaux… l'apparition avait une longue chevelure bouclée qui se répandait autour d'elle, s'écartant pour tomber de part et d'autre de son divin corps. En guise de couronne, elle portait sur la tête une quantité de guirlandes de fleurs qui s'entrelaçaient. Au milieu de son front était un petit cercle plat, une sorte de miroir ou plutôt de lune à cause de la lumière qu'il projetait. Des serpents qui semblaient se dresser hors des sillons de la terre le supportaient de chaque côté et des épis de blé jaillissaient au-dessus de lui. Ses vêtements étaient du plus beau lin nuancé de diverses couleurs, par endroits blanc et brillant, par endroits jaune comme la fleur du crocus, par endroits rouge rosé, par endroits flamboyants, et son manteau était absolument noir et obscur, avec des reflets d'un noir brillant. Elle le drapait autour d'elle, du dessous de son bras gauche jusqu'à son épaule droite, à la façon d'un bouclier. Une partie en tombait, plissée d'une façon fort subtile, jusqu'au bas de sa robe où cela faisait une pointe bien dessinée. Çà et là, sur ses bords et sur toute sa surface, des étoiles scintillaient. Au milieu d'elles, la Lune en son plein brillait comme une flamme de feu. Une couronne ou une guirlande tressée et sans brisure, faite de toutes les fleurs et de tous les fruits, suivait complètement le bord de cette merveilleuse robe. Elle portait des choses vraiment très diverses, car, dans sa main droite, elle avait un sistre de laiton, pièce de métal plate et incurvée à la manière d'une ceinture et garnie de quelques tringles qui la traversaient çà et là ; et quand son bras faisait mouvoir ces tiges groupées par trois, elles produisaient un son aigu et clair. Dans sa main gauche, elle portait une coupe d'or en forme de barque sur l'anse de laquelle, bien en haut, là où c'est le plus visible, un aspic à la gorge largement étalée dressait la tête. Ses pieds parfumés étaient chaussés de sandales à lanières ornées des palmes de la victoire. … la divine vision, exhalant le parfum des plaisantes épices de l'Arabie fertile… »

« … Je suis celle qui est la mère naturelle de toute chose, maîtresse et gouvernante de tous les éléments, origine des mondes, détentrice des pouvoirs divins, reine de tous les habitants des enfers, souveraine de ceux qui vivent dans le ciel, manifestation absolue, sous une forme unique, de tous les dieux et déesses. Ma volonté dispose des planètes du ciel, de l'ensemble des vents des mers et du lugubre silence des enfers. Mon nom, ma divinité sont adorés à travers l'univers de mille façons, en mille coutumes et sous bien des noms. Écoute bien : les Phrygiens, premiers en date de tous les hommes, m'appellent la mère des dieux à Pessinos ; les Athéniens qui ont surgi de leur propre sol, Minerve cecropienne ; les Cypriotes que la mer encercle, Vénus paphiane ; les Crétois qui portent des flèches, Diane dictynienne ; les siciliens qui parlent trois langues, Proserpine l'infernale ; les Éleusiens, Cérès leur vieille déesse ; certains Junon, d'autres Bellone, d'autres Hécate, d'autres Ramnusia, mais il y a surtout deux sortes de gens, les Éthiopiens qui habitent l'Orient et sont éclairés par les rayons matinaux du soleil et les Égyptiens qui sont excellents dans toutes sortes d'anciennes doctrines et ont coutume de m'adorer en d'exactes cérémonies, qui m'appellent par mon véritable nom : Isis, la reine. … »

Extrait de : L’Âne d’Or ou les Métamorphose d’Apulée



La Grande Reine

l’Ânesse ou la Jument Blanche


La Déesse Blanche était aussi vénérée en Gaule comme Rigantona, la Grande Reine, que l'on associait à une jument blanche conduisant les âmes vers le royaume des Morts. Les Gaulois la nommaient Épona et les Gallois Rhiannon.


En tant que déesse psychopompe du passage, du gué, du pont qui sépare le monde phénoménal et sensible de l’Autre Monde, elle était aussi nommée Ritona.


On la représente souvent comme une jument accompagnée d’un poulain, comme une cavalière, les jambes jointes sur un même flan, les pieds reposant parfois sur une tablette. Elle tient différents attributs : un joug d’attelage, une pomme, une corne d’abondance, une patère ou une corbeille pleine d’épis et de fruits. Elle est accompagnée d’un oiseau, d’un chiot, d’un enfant, d’un poulain qui le plus souvent tète sa mère ou se nourrit à la patère que lui tend la déesse.


C’était la déesse des juments et des garçons d’écurie — fêtée le 18 décembre — qui était fréquemment représentée dans les écuries, à mi-hauteur du pilier central soutenant la charpente, dans un édicule tout orné de roses.


Lors de son culte, les anciens sacrifiaient des ânes ou des chevaux.


Éléments de cosmogonie celtique de Claude Sterckx

Éditions de l’Université de Bruxelles.





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