L'Asne et le Loup de Saint-Marcan
Le texte le plus ancien qui nous relate l'histoire des origines du Mont‑Saint‑Michel a été rédigé par les religieux au Xe siècle. On peut y lire qu'en des temps extrêmement reculés, des moines vivaient déjà sur le rocher « Ces moines dévoués au service du Seigneur étaient nourris par une disposition providentielle du Dieu qui gouverne tout, grâce à l'aide que leur portait un prêtre du village qu'on nomme Asteriac (aujourd'hui Beauvoir). En effet, lorsque les vivres, sans lesquels la vie humaine ne peut subsister, venaient à leur manquer, une fumée montant vers le ciel leur servait de signal et ce prêtre chargeait un âne de provisions garnies d'authentique charité : conduit par un guide invisible, en ces lieux sans chemin l'animal allait et revenait portant ce que Dieu ordonnait et qui leur était nécessaire... »
Cette jolie légende a été encore embellie au XIIe siècle par Guillaume de Saint-Pair, moine à l'abbaye et auteur d'une histoire du Mont en français, le Romanz del Munt Seint Michiel (Livre I, chapitre 2). Notre trouvère bénédictin nous raconte qu'un jour où l'âne remplissait son office habituel…
Un loup allait par le chemin
Qui l'encontra l'a mis à terre,
Etranglé l'a, puis le mangea.
Les ermites isolés sur le rocher attendirent en vain leur pourvoyeur de nourriture. Ils s'en remirent alors à Dieu qui leur envoya le loup. Celui‑ci se présenta humblement devant les religieux qui, comprenant ce qui s'était passé, lui ordonnèrent de remplacer l'âne qu'il avait mangé. De ce jour, le loup porta les sacs sur son dos et devint, pour les habitants de la baie, un animal familier que chacun appelait et caressait. Les chiens mêmes jouaient avec lui, nous assure Guillaume de Saint‑Pair.
Cette belle histoire a sans doute été empruntée par l'auteur à des traditions bretonnes, le thème, en effet, se retrouve dans des récits armoricains d'époque carolingienne et romane, notamment les vies de saint Hervé et de saint Malo. À quelques kilomètres à l'ouest du Mont, l'église de Saint‑Marcan conserve une statue du saint patron dont les pieds reposent sur un loup dévorant un âne : cette sculpture perpétue le souvenir d'une légende identique.
Extrait de :
"Contes et légendes du Mont-Saint-Michel"
de Marc Déceneux
aux Éditions Ouest-France
Voir également sur :
- La légende - Le Mont-Saint-Michel (Post du 28 octobre 2006)
Loc-Envel tire son nom du vieux breton « lok », qui signifie « lieu sacré », et d'Envel, un abbé britannique venu s'installer s'y installer, au VIe siècle.
Saint Envel “le Grand”, devenu abbé, s’établit au sud du Guic, à l’emplacement de l’église actuelle de Loc-Envel (qui date du XVIe), sur le coteau méridional situé à l’orée occidentale de la mystérieuse « forêt de la Nuit » (Koat-an-Noz où le jour se couche) qui se continue à l’est du Léguer, par la « forêt du Jour » (Koat-an-Hay où le jour se lève).
Saint Envel “le Petit”, anachorète solitaire, installa son habitat sur la colline opposée, là où se trouve la Chapelle du Bois (Chapel Ar Hoat), en Belle-Isle-en-Terre dont il est le patron.
Note : En breton Henvel signifie « semblable ».
Les deux frères sont fêtés les 3 et 11 décembre.
Sainte Yuna, quant à elle, s’établit à Plounévez-Moëdec.
La rivière séparait ainsi Yuna et ses frères qui avaient fait vœu par esprit de contrition, de ne jamais plus se revoir, tout en continuant à prier ensemble.
Chaque jour qui passait, Yuna faisait sonner sa cloche à l'heure de la prière.
Au lendemain de grandes pluies d'orage, le Guic grossi roulait avec un tel fracas que les frères Envel ne pouvaient entendre la cloche de Yuna. Alors Envel “le Grand” dit au torrent depuis Loc-Envel : « tao, tao dourik mik, ma kévi kloc'h ma c'hoarik » (tais-toi petite eau, que j'entende la cloche de ma sœurette). Sur le coup, les eaux cessèrent leur tumulte. Et depuis lors, même au temps des déluges d'automne, le Guic roule sans bruit sur son lit de cailloux.
Un jour, la cloche de Yuna ne sonna point et ses frères comprirent que leur sœur était morte.
En Bretagne on retrouve une légende identique dans la vie de saint Hervé, et dans les traditions orales relatives à saint Thégonnec ; dans la vie de saint-Malo, le loup, et dans la vie de saint Martin de Vertou, un ours, remplacent l’âne qu’ils avaient dévoré.
Sainte-Austreberthe et ses religieuses avaient l'habitude de blanchir les linges de sacristie de l'abbaye de Jumièges distante de quelques lieues de Pavilly. Un âne avait été dressé pour transporter seul le linge d'un monastère à l'autre. Or, un jour, l'âne se retrouva face à face avec un loup qui se jeta sur lui et le dévora.
Sainte-Austreberthe apparut, réprimanda le loup, et le condamna à remplir les fonctions dont sa victime s'acquittait auparavant. C'est ainsi que le loup accomplit jusqu'à la fin de sa vie sa tâche avec humilité et soumission.
Sur le lieu de la mort de l'âne fut érigée une chapelle, au VIIe siècle, puis, quand le monument fut ruiné, une simple croix de pierre le remplaça. Elle sera remplacée à son tour par un chêne, dans lequel furent placées plusieurs statues de la Vierge, nommé chêne à l'âne.
À Jumièges, la légende diffère : c'est Saint-Philibert qui gourmande le loup.
Dans les deux versions, le Loup devient Vert après avoir dévoré l'Asne.
Des religieuses venues de Pavilly fondèrent vers l’an 1000 un monastère à Montreuil-sur-Mer.
Les moniales étaient en relation avec « la confrérie de Saint-Jean » à Jumièges et « la confrérie du Ver Montant » à Montreuil-sur-Mer, confréries attestées depuis le Moyen Âge.
Elles rapprochaient le culte de Sainte-Austreberthe (et son loup) avec Saint-Jean le Baptiste, car la manifestation principale des deux confréries consistait en une manifestation à l’occasion de la fête de la Saint-Jean (23 juin). Les deux confréries avaient pour tâche essentielle de choisir pour l’année, la veille de la Saint-Jean, le « Loup Vert ».
Ces légendes sont à rapprocher des légendes celtiques qui relatent l'affrontement entre le Roi Houx et le Roi Chêne.
L'Asne et le Loup vert nous renvoient à Osiris et Seth, à Hénoch et Elie, à Jésus et Jean-Baptiste (le crucifié et le décapité), à Pierre et Paul, à Janus, aux jumeaux divins, aux deux oliviers qui alimentent en huile le chandelier.
La vieille : écriture “aSne” met en évidence le S (le Shin, la triple flamme, le Fou) et en l’esprit, l’”S” prie ! Or l’”S” est double, l”S”céleste est solaire (Esse, Essénien, Essence, Jesse) — c'est le loup et le (S inversé) terrestre est lunaire — c’est l’âne ! Lorsqu’ils s’épousent, ils donnent naissance au 8, symbole d’éternité et du Christ cosmique.
« Hors, le Cerf au Commencement se répartit ainsi :
- Sa poitrine devint la Terre...
- Son dos devint le Ciel...
- Le milieu de Son corps, l'Espace... »
Dans les récits védiques, Purusha est l'homme cosmique dont le sacrifice a créé toute vie.
Purusa est à la fois présenté comme la totalité cosmique et comme un être androgyne… Il engendre l’énergie féminine créatrice appelée Virâj. Purusa précède la création : le Cosmos, la Vie et l’Humanité résultent de son corps sacrifié. Le terme Purusa désigne l’homme, mais on imagine l’Homme Total, une sorte d’archétype universel…
Les druides nomment ce sacrifié suprême : Cernunnos. Il est la clé de voûte du panthéon celtique. Illustrant la loi de l'éternelle renaissance : tandis que l'on broie le grain lors d'un rituel, il meurt supplicié pour ressusciter dans les jeunes graines en germination. La Cervoise, boisson sacrée fabriquée à l'aide de grains broyés et fermentés, figure son sang, c'est-à-dire la sève capable de procurer des visions et de hâter la réintégration dans la source divine première. Tous ceux qui se désaltèrent avec la sève en circulation dans son corps, se métamorphosent eux-mêmes en coupe d'immortalité.
Pour l'apôtre Jean, Il est l’Agneau de Dieu immolé au commencement des temps, l’Agneau pur, innocent et sans tache qui nous nourrit de sa chair et de son sang.
Cf. Apocalypse 5:12 / Jean 1:29 - Jean 1:36
C'est ce Mystère dont l'Asne est porteur !
Ce Mystère que l'on célébrait depuis l'aube des temps dans les grottes, les cryptes, les catacombes…
Idéalement la crypte s'organisait (comme à Chartres : le puits des Saints-Forts) autour d'un puits (la Table d'Or), sas entre le monde extérieur de la forme / phénoménal (la Table carrée ) et le monde intérieur, créateur / nouménal (la Table Ronde).
Cf. Les Trois visages du Créateur.
« Tout homme peut, au cours de sa formation,
puiser à la fontaine intarissable de la nature divine
qui est l'essence de l'homme. »
Ceci est probablement la clé de la mystérieuse « cave » de Dénézé sous Doué, chapelle souterraine organisée autour d’un puits d’une profondeur de 9 mètres, et où sont scupltées dans le tuffeau 300 figures dont celle-ci :
Il était également représenté sous la forme d'un âne crucifé !
En latin : vird / virid
virga : branche verte (verge) --> Rameau, ramure !
virgula : petite branche.
En hébreu : viridis signifie également la verdure, l’herbe verte.
Chez les égyptiens la couleur verte (et l’émeraude) est associée à l’Eau source de la fertilité et de la régénération, à la naissance, à l’aube, au printemps, à la création du monde.
D'où la Puissance de l’Homme/Arbre Vert - Arbre de Vie !…
du latin : vir : homme
virilis : mâle, viril, plein de vie (vita), vigoureux, courageux, énergique,
viripotens : puissant, à la force puissante.
Accueillons la prière du Créateur :
« Fais silence, apaise-toi, et écoute-Moi…
Je suis le Vivant, qui se tient au cœur de toute créature,
le principe vital de tout ce qui existe,
Celui qui met tout en mouvement,
Celui qui fait tourner la Roue !
Je suis le commencement et la fin, le Maître de la Vie,
l'Animateur dont le pouvoir prend forme
en toute activité et mouvement,
et dont le souffle passe en flux et reflux
en toute créature immense ou minuscule.
J'ai revêtu le vêtement de tous
et me suis dissimulé en leur sein.
Je suis le Un Invisible dans le Tout,
et Mon Cri s'élève en chacun !
Cesse ! Arrête de fouler la matière…
Ouvre-toi à Ma Présence, car Je suis en toi,
laisse monter en toi Mon chant de Vie,
et permets-lui de s'épanouir, portant un Fruit de Vie,
faisant couler à flots une Eau Vive de la Source invisible,
non souillée, incommensurable !
Je suis le régent des énergies fécondes,
le sacrifié suprême, qui se donne éternellement
en nourriture à ses enfants.
En prenant conscience de Ma Présence en cette nourriture,
qui est Ma chair et Mon sang,
tu permets que Ma Grâce imprègne ton cœur
et qu'elle l'épanouisse en Moi.
Par ces aliments mangés en conscience,
Ma Lumière s'irradie en toi,
et fait de ton corps, matrice de ton âme,
le pur soutien de ton Amour.
De tout Mon Amour, de toute Ma Lumière,
Et cela est. »
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