On trouve un seul mot en allemand pour désigner les bois, la ramure du cerf : "das Geweih".
Or "Geweih" est très proche de "geweiht" participe passé du verbe "weihen" qui signifie sacraliser, bénir, consacrer. D'un point de vue étymologique deux racines sont envisageables :
- - wi(h)a : caractère saint, magique, religieux, et
- - wi(a) : petite pointe ou petite branche c'est à dire un rameau...
D'ailleurs en anglais :
Wish signifie souhait, vœu, désir, et to wish signifie souhaiter, désirer, vouloir.
De plus, jusqu'au 8ème/9ème siècles, le terme "wih" a subsisté dans les régions germaniques pour désigner la notion de sanctuaire !
Ce rapprochement entre en résonance avec le fait que dans la mythologie celtique, le dieu cerf est "Némed" : le Sacré...
Mais ce G et ce W de "GeWeih(t)" évoquent également la connaissance (la Gnose), le Wid qui signifie voir, savoir, connaître ; d'où découle Widus : le Gui (le rameau d'or) - plante qui symbolise autant l'âme de l'enfant (faon) en gestation dans le sein de sa mère, que la Sagesse et la Connaissance, qui n'est donnée qu'à ceux qui ont une âme d'enfant !
On retrouve le G associé au W dans :
- - GWyr : le Vrai,
- - GWen(ved) - "Vindos" en vieux celtique : Blanc, Sacré, qui a donné le nom de Finn !
- - GWydd qui dans le dialecte gallois signifie à la fois "arbre" et "lettre" ou Science Divine,
- - GWyddon qui signifie sage, philosophe.
Cette ramure merveilleuse évoque effectivement le sacré, la consécration, la bénédiction, tout autant que le sanctuaire, la Clairière autour de l'Arbre de Vie… à l'Est du Jardin d'Éden !
Et c'est bien connu, un druide ne saurait formuler un vœu sans avoir en main un rameau sacré (verveine) d'or (gui) ou d'argent (aubépine en fleur) provenant du bosquet sacré et gravé de runes ou d'ogham !
D'où la baguette magique ! Le chapeau pointu évoquant quant à lui la corne / colonne / vortex de lumière le reliant via son chakra coronal pleinement ouvert à son Moi divin.
Notes complémentaires :
1) Le Rameau d'or et les mythes du roi sacré
JEAN-FRANÇOIS DORTIER
Le Rameau d'or, rédigé au début du siècle, est une vaste fresque dans laquelle James George Frazer rapporte des centaines de mythes et de rites de tous les continents. L'auteur a voulu élucider le mystère du meurtre du « roi sacré » et, ce faisant, pense avoir trouvé la clé de la pensée magique des peuples « sauvages ».
Le Rameau d'or de Sir James George Frazer débute par un récit en forme d'énigme. Le récit est celui d'un curieux mythe datant de la Rome archaïque. Sur le bord du lac Nemi, près de Rome, vivait un prêtre-roi dévolu à la déesse Diane. Lorsqu'il commençait à vieillir, le maître des lieux devait être remplacé selon un rituel étrange et brutal : le roi devait être tué par le prétendant à sa fonction, un esclave fugitif. Mais ce dernier ne pouvait commettre son crime qu'après avoir dérobé une branche de l'arbre sacré auprès duquel vivait le prêtre-roi. « Telle était la loi du sanctuaire. Quiconque briguait le sacerdoce de Némi ne pouvait occuper les fonctions qu'après avoir tué son prédécesseur de sa main ; le meurtre perpétré, il restait en possession de la charge jusqu'à l'heure où un autre, plus rusé ou plus vigoureux que lui, le mettait à mort à son tour » (Le Rameau d'or, T. I, p. 19).
Fin de citation.
Cette évocation du mythe nous renvoie au meurtre de Balder tué par son frère Höd qui lui avait lancé un rameau de gui que lui avait fourni le jaloux Loki !
En effet le rameau sacré dans les main d'un jaloux devient le brandon ou la pomme de la discorde… lancée par Eris (discorde) au milieu de la noce de Pâris et d'Oenone !
Dans le premier cas ce fût le début du Ragnarök (« Crépuscule des Puissances »), dans le second le début de la guerre de Troie !
2) Extrait du Manuel de sociologie de la religion (pages 75 & 76), par Roberto Cipriani :
A titre d'exemple, l'on peut synthétiser quelques résultats de la recherche menée par Frazer quant à l'utilisation magique du « Rameau d'or » qui constitue le titre de l'œuvre.
« Virgile décrit de façon précise le Rameau d'Or, comme poussant sur l'yeuse et le compare au gui. La conclusion en découle presque inévitablement que le Rameau d'Or n'était autre que le gui, vu à travers les voiles de la poésie ou de la superstition populaire. Or, nous avons montré que nous avions de bonnes raisons de croire que le prêtre du bosquet d'Aricie - le Roi du Bois - personnifiait l'arbre sur lequel croissait le Rameau d'Or. Par conséquent, si cet arbre était le chêne, le Roi du Bois devait être une personnification de l'esprit du chêne. Il est donc facile de comprendre pourquoi, avant de le mettre à mort, il fallait briser le Rameau d'or… Pour compléter l'analogie, il suffit de supposer qu'on brûlait autrefois le Roi du Bois, mort ou vivant, à la fête du feu de la Saint-Jean, fête qui, nous l'avons vu, se célébrait tous les ans dans le bois d'Aricie… Il semble ainsi qu'à une époque lointaine, au cœur de l'Italie, sur les rives du beau lac de Nemi, se jouait chaque année dans les flammes la même tragédie » (Frazer 1984: IV. 355).
Le nom de « rameau d'or » viendrait
« du beau jaune doré que prend un rameau de gui une fois coupé, quand on l'a gardé pendant quelques mois ; la teinte éclatante n 'est pas réservée aux feuilles, mais s'étend aussi aux tiges, de. sorte que toute la branche paraît en effet être un Rameau d'Or… La couleur jaune du rameau fané peut expliquer en partie pourquoi le gui a parfois passé pour posséder la propriété de découvrir des trésors souterrains ; d'après les principes de la magie homéopathique, il existe une affinité naturelle entre un rameau jaune et de l'or jaune»
(Frazer 1984: 1V, 355-56).
Il existe un autre élément qui se réfère
« au prêtre de Diane, le Roi du Bois à Aricie, des forêts de chênes de l'Italie. Cet homme en chair et en os personnifiait peut-être le grand dieu italien du ciel, Jupiter, qui avait daigné descendre du ciel dans l'éclair pour habiter parmi les hommes. dans le gui le balai du tonnerre - le Rameau d'Or, qui poussait sur le chêne sacré, à côté des eaux tranquilles du lac de Nemi. S'il en était ainsi, quoi d'étonnant à ce que le prêtre ait défendu, l'épée à la main, le rameau mystique qui renfermait à la fois la vie du dieu et la sienne. La déesse, qu'il servait et qu'il épousait, n'était autre, croyons-nous, que la Reine du Ciel, la fidèle épouse du dieu du Ciel. Car elle aimait, elle aussi, la solitude des bois et les collines désertes, et, voguant dans le ciel, par les nuits claires, sous l'aspect de la lune argentée, elle jetait les yeux avec délices sur sa belle image réfléchie à la surface tranquille et polie du lac, le Miroir de Diane ».
(Frazer 1984: IV, 364).
…
1 commentaire:
Comme toujours, un régal que de suivre ton cheminement, parsemé de références... On se croirait dans une discussion, qui dévide son fil savant. Merci !
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