Le nombre Six
ou
la Multiplication de la Vie
Il y a six petits enfants de cire,
(Six frères et six sœurs)
vivifiés par l’énergie de la lune ;
si tu ne sais pas, moi, je sais.
Il y a six plantes médicinales dans le petit chaudron ;
le petit nain mêle le breuvage, le petit doigt dans la bouche.
de Théodore Hersart de La Villemarqué.
Le six, est un nombre pair / polarisé (masculin / féminin, yang / yin).
Il évoque le désir, la reproduction, l’attrait du sexe opposé.
Les amants aspirent à se fondre en un tout, à ne plus faire qu’un seul être.
La cire est malléable, elle fond lorsqu’elle est soumise à une forte chaleur.
Il s’agit d’un univers lunaire, sensible, émotionnel, affectif, sentimental…
Notre cœur fond (tendresse, compassion, sympathie, affection, amour, désir, larme) lorsqu’il est touché.
Nos états d’âme sont transitoires, éphémères…
Ces « six petits enfants de cire, vivifiés par l’énergie de la lune » me font penser la chanson de Serge Gainsbourg interprétée par France Gall : Poupée de cire, poupée de son.
Ceridwen, dont le nom signifie : « poésie belle et bénie » fait bouillir six plantes médicinales dans son petit chaudron surveillé par le petit nain Gwion*.
* en gallois GWydd signifie à la fois "arbre" et "lettre" ou "Science Divine",
tandis que GWyddon signifie : sage, philosophe.
En effet, avec trois gouttes de ce breuvage, elle souhaite rendre aimable son fils Morvran qui ne l’est guère, au point qu’on le surnomme Avangh-Dhu, c'est-à-dire le monstre noir, tellement il est hideux.
Mais, le moment venu, les trois gouttes brûlantes jaillissent du chaudron et atterrissent sur le petit doigt de Gwion qui le met dans sa bouche pour atténuer la douleur. Cela provoque chez lui l’Éveil et l’accès à la Vision (Wid signifie voir, connaître, GWyr signifie le Vrai) de la Vraie Réalité.
Pour échapper à Ceridwen en colère, Gwion se transforme successivement en lièvre, en saumon, en émerillon, et finalement en grain qu’avale Ceridwen.
Neuf mois plus tard Ceridwen accouche d’un enfant magnifique qu’elle enveloppe de peaux et place dans un coracle qu’elle met à la mer sur laquelle il va errer 40 ans. C’est près de Cors Fochno à Ceredigion, qu’Elffin le découvre et le nomme Taliesin « front brillant ».
Le village de Tre Taliesin près d'Aberystwyth doit probablement son nom à Taliesin.
CHANT BARDIQUE
Possibles sommeillant au sein glauque des eaux,
Du jour où les Trois Cris ont fait frémir l'Abîme,
Nous avons émergé du Chaos anonyme !
Math, au nom révéré, m'a marqué de son sceau :
Sans généalogie et sans humain lignage,
Je suis l'hôte inconnu, porteur du vieux message !
Je suis l'enfant de Math, l'auguste souveraine,
J'ai gardé le Chaudron sacré de Coridwen,
Vers Ynys Pybyrdor j'ai piloté Pridwen !
Je sais le chant de l'elfe et pourquoi la sirène
Exhale sa complainte au creux des noirs récifs,
Je sais tous les secrets du monde primitif.
Je suis l'enfant de Math, la Mère Universelle :
J'ai joué dans l'aurore et pleuré dans la nuit,
Je fus fleur du genêt, luisant rameau du buis,
Vipère tachetée aux yeux de rabucelle,
Loup-cervier dans le bois, aigle sur les hauteurs !
Je suis l'hôte inconnu, surgi des profondeurs…
De Gwynfyd en Abred et d'Announ en Gobren,
En tous lieux m'a porté ma course vagabonde :
Je sais tous les chemins et connais tous les mondes !
J'ai gardé le Chaudron sacré de Coridwen,
J'ai vu Menou l'Ancien tracer les premiers signes
Et Noé travailler à la première vigne.
Je suis l'hôte inconnu, porteur du vieux message…
Quand Menou vit briller, aux cieux, les Trois Rayons,
Je fus marqué par Math et choisi par Gwyon !
De Gwyon j'ai reçu le mystique breuvage
Conférant, à l'esprit qui l'a su mériter,
La suprême sagesse et l'immortalité.
En tous lieux j'ai vécu, rêvé, pensé, souffert :
J'ai retrouvé la clef des portes les mieux closes
Et surpris la Nature en ses métamorphoses.
Je sais tous les chemins de l'immense univers,
J'ai suivi Hu-Kadarn, j'ai piloté Pridwen,
Je suis l'enfant de Math, le fils de Coridwen !
… … … … … … … … … … … … … …
Vos ancêtres, jadis, m'ont appelé Myrddyn…
Puisqu'il vous faut un nom, je suis Taliésin !
"Le Bûcher du Phénix"
Éd. Psyché 1933.
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