Le nombre Quatre
ou
les Fondations du Monde
Il y a quatre pierres à aiguiser :
pierres à aiguiser de Merlin,
qui aiguisent les épées rapides.
Les séries du Barzaz Breiz, de Théodore Hersart de La Villemarqué.
Lorsque Dieu /|\ prononça son Nom,
de Sa Parole jaillirent la Lumière et la Vie.
Lʼhomme et tout ce qui vit vint à l’existence.
Chacun et tous à la fois parurent.
Barddas, I-16.
« Tandis que de la lumière, une Parole sainte s'étendait sur la nature, un cri \|/ fit écho, sortant de la nature humide : la voix du feu pur qui jaillissait de la nature humide, subtil, véhément et puissant. L'air, par sa légèreté, suivait le souffle igné ; de la terre et de l'eau, il s'élevait jusqu'au feu, de sorte qu'il y paraissait suspendu. La terre et l'eau demeuraient étroitement mêlées. »
Adapté de : "Hermès Trismégiste" par Louis Ménard (Guy Trédaniel).
« Créé dans les abîmes de l'Océan,
l'Arbre Primordial émergea des Eaux Mères.
Il unit la Terre et le Ciel et engendra tous les êtres vivants. »
« Études sur le celtisme" de Patrice Genty (Éditions traditionnelles).
Dans la tradition celtique irlandaise, l'Arbre Primordial, le plus ancien et le plus noble des arbres, est l'If de Mugna, c'est-à-dire l'If du Saumon. Il porte des fruits merveilleux, symboles de la Connaissance, qui tombent dans une source où ils sont mangés par un Saumon…
Ses baies rutilantes donneront naissance, par une étrange métamorphose, aux quatre principaux arbres et piliers du monde : le Pommier, le Hêtre, le Noyer et le Chêne, à l'ombrage desquels viendra s'abriter et se nourrir toute l'humanité. À leur maturité, ces arbres donneront en abondance et trois fois par an des fruits de Vie.
Quatre acolytes
Chantant l'Exaudi
Ces piliers du monde sont associés aux quatre îles au Nord du Monde où demeurent les quatre druides primordiaux :
Au Nord-Est : l’île de Falias est dirigée par le druide Morfessa.
C’est de cette île qu’est originaire la Pierre de Fal, symbole de souveraineté.
Elle est placée à Tara lors de l’arrivée des tribus de la déesse Dana en Irlande.
La célébration est celle d’Imbolc, la Grande Naissance (ginivelezh),
associée à Brigid / Brid et au Bouleau des débuts.
Puis, à l’Est, vient l’Équinoxe de Printemps :
Alban Eilir / La Lumière de la Terre.
L’élément associé est l’Air, l’animal totem : le Faucon.
Dans les jeux de cartes, c’est le Trèfle,
dans le Tarot c’est l’Épée.
En énergétique chinoise, ce sont la vésicule et le foie,
associés au Bois.
Au Sud-Est : l’île de Findias est dirigée par le druide Uiscias,
C’est de cette île que vient l’Épée du roi Nuada.
La célébration est celle de Beltaine, associée à Belen et Bélisama.
Puis, au Sud, vient le Solstice d’Été :
Alban Hefin / La Lumière du Rivage.
L’élément associé est le Feu, l’animal totem : le Cerf.
Dans les jeux de cartes, c’est le Cœur,
dans le Tarot c’est le Bâton.
En énergétique chinoise, ce sont le cœur et l’intestin grêle,
associés au Feu.
Le Cerf est couronné de Chêne.
Au Sud-Ouest : l’île de Gorias est dirigée par le druide Esras.
C’est de cette île que vient la Lance de Lug.
La célébration est celle des Lugnasad, associée à Lug et sa nourrice Tailtiu, ainsi qu’au Sorbier des oiseaux.
Puis à l’Ouest, vient l’Équinoxe d’Automne :
Alban Elfed / La Lumière de l’Eau.
L’élément associé est l’Eau, l’animal totem : le Saumon.
Dans les jeux de cartes, c’est le Pique,
dans le Tarot c’est la Coupe.
En énergétique chinoise, ce sont les poumons et le gros intestin,
associés au Métal.
Au Nord-Ouest : l’île de Murias est dirigée par le druide Semias.
C’est de cette île que proviennent les talismans du Dagda :
le Chaudron d'immortalité et la Massue de vie et mort.
La célébration est celle de la Samain, associée à l’If, ainsi qu’à la Cailleach / Morrigan.
Puis au Nord, vient le Solstice d’Hiver :
Alban Arthan / La Lumière d’Arthur.
L’élément associé est la Terre, l’animal totem : l’Ours.
Dans les jeux de cartes, c’est le Carreau,
dans le Tarot c’est le Denier.
En énergétique chinoise, ce sont les reins et la vessie,
associés à l’Eau.
Le Cerf est couronné de Houx.
L’île tournoyante (le cinquième élément), la demeure de Lug, se tient au Centre, entre le monde de l’Esprit et celui de la Matière. C’est pourquoi les fêtes royales se tiennent à Tara aux intersaisons.
La Croix de Vie émerge de la lumière du Trois.
Signe universel, paisible accord des Sphères,
Croix des quatre éléments, sceau du Verbe-Lumière !
André Savoret dans ALPHABET
extrait de :
"Le Bûcher du Phénix" - Éd. Psyché 1933
Dans la tradition védique, ainsi que dans d’autres mythologies (chinoise, nordique) cette naissance du monde est assimilée au sacrifice du Créateur, Purusha, l’Homme cosmique, parfois représenté sous la forme d’un cerf. Le Cosmos, la Vie et l’Humanité résultent de son corps sacrifié.
« Hors, le Cerf au Commencement se répartit ainsi :
- Sa poitrine devint la Terre...
- Son dos devint le Ciel...
- Le milieu de Son corps, l'Espace... »
Cf. Le Sacré en Inde, rituels, cosmogonie, doctrine védique,
Le sacrifice originel (pdf)
Corps du monde, monde du corps.
Pour les druides gaulois, Cernunnos, clé de voûte du panthéon, est le sacrifié suprême illustrant la loi de l'éternelle renaissance : tandis que l'on broie le grain lors d'un rituel, il meurt supplicié pour ressusciter dans les jeunes graines en germination. La Cervoise, boisson sacrée fabriquée à l'aide de grains broyés et fermentés, figure son sang, c'est-à-dire la sève capable de procurer des visions et de hâter la réintégration dans la source première. Tous ceux qui se désaltèrent avec la sève en circulation dans son corps, se métamorphosent eux-mêmes en coupe d'immortalité.
Pour les chrétiens, Il est l’Agneau de Dieu immolé au commencement des temps, l’Agneau pur, innocent et sans tache qui nous nourrit de sa chair et de son sang.
Cf. Apocalypse 5:12 / Jean 1:29 - Jean 1:36
Avec la Croix apparaissent le Mouvement, les Cycles,
la Respiration, l’Espace et le Temps.
Le nombre 4 traduit le déploiement de la matière, du temps et de l’espace à partir du centre.
Chiffre du terrestre et du concret, le 4 est symétrie, stabilité, ordre, harmonie.
Il porte l’idée que le monde est parfait.
Les quatre fleuves du jardin d’Éden
Brahma a quatre têtes couronnées, quatre bras, quatre mains.
L’année se divise en quatre saisons.
Les jeux de cartes se divisent en quatre couleurs :
Trèfle / Épée, Cœur / Bâton, Pique / Coupe, Carreau / Denier.
Le fleuve qui sort d’Éden pour arroser le jardin se divise en quatre bras.
Dans le mythe de la création héliopolitaine le dieu créateur engendre l’Ogdoade : Shou (le sec), Tefnout (l’humide), Nout (le ciel), et Geb (la terre), soit les quatre éléments : le Feu et l’Eau, l’Air et la Terre. Viennent ensuite Osiris et Isis, Seth et Nephtys. Le premier couple symbolise le renouveau végétal printanier et avec eux vient la légende d'Osiris, alors que le second symbolise la mort automnale.
Dans les visions d’Ézéchiel ou celles de Jean à Patmos le siège de l’Homme au visage de Soleil est porté par quatre figures associées à la Croix fixe (le tétramorphe) : le Taureau de St Luc (la Terre), Le Lion de St Marc (le Feu), l’Aigle de St Jean (l’Eau), l’Ange de St Mathieu (l’Air).
La Croix de Vie est semblable à l’Ankh égyptien.
Elle est en relation avec le Carré de la Matière, la stabilité et l’équilibre.
Elle est associée au nombre Quatre, à la lettre D / ∆, la Porte et son solide gardien : le Chêne.
Dans son accomplissement, elle est associée au 22 (2 + 2 = 4),
au Tav / Tau et au Houx couronnant le Cerf.
Elle est souvent représentée, chez les frères et sœurs feuillu(e)s (les druides farfelus), entourée de végétation, de fleurs, et d'oiseaux.
Le symbole du cœur
Elle est également le symbole du cœur et de ses quatre ventricules, médiateur entre l’Esprit et la Matière.
D’un côté le sang bleu remonte vers l’Esprit pour se régénérer, de l’autre, rouge, il descend vers la Matière pour la nourrir.
Cf. Danse au cœur de l'Île Blanche… et Le principe de rythme
« C’est à l’intérieur de ce cœur, auquel aboutissent, comme les rayons d’une roue de chariot, tous les canaux du corps, que se trouve le Soi […].
Ce Soi réside dans l’espace à l’intérieur de la ville lumineuse du brahman […] le Soi brillant et pur à l’intérieur du corps […] il est là, dans la cavité du cœur ».
Mundaka Upanishad (II, 2, 6-7 ; III, 1, 5 ET 7)