jeudi 2 septembre 2010

Sur la route du Lin, la quête de l'UN



Le Lin a traversé le temps. Les hommes le cultivent depuis l'Antiquité pour ses multiples usages et propriétés. C'est aussi un produit d'avenir. Tout est utilisé : le bois pour faire de l'aggloméré, l'étoupe pour faire du papier, la filasse pour le fil de lin, les graines pour leur richesse en omega 3 et leur action sur le transit intestinal.

De tout temps, il a été lié au sacré : support pour les saintes écritures, tissu pour confectionner les habits des prêtres, la tunique de Jésus. Le lin respire : chaud en hiver, frais en été. Le filage et le tissage faisaient partie de l'initiation féminine.

Athéna était une tisseuse, elle tissait le fil de la sagesse. La navette va et vient, en rythme, sous l'impulsion des femmes, liées elles aussi au rythme de la nature, au rythme des lunes. Elles sont les initiatrices de l'intégration du temps.

La rotation du fuseau donne naissance au fil, fil de lin, fil de la vie.

Dans la légende, les fées tissent le fil d'argent qui est donné à l'homme quand il s'incarne, au début de sa vie sur terre, et qui est coupé à la fin. Ce fil est tissé de toute notre histoire, c'est le fil de notre existence, de notre destinée, fait de notre propre matière, de nos expériences, de nos émotions et deuils. Ces épreuves nous conduisent sur la voie de la transformation.

Le cycle du vivant : Mourir pour renaître. Les tiges de lin doivent pourrir dans l'eau, puis le bois est séparé de la filasse et de l'étoupe, par broyage. Le fil, le subtil, est séparé de l'épais.

L'association Fête du Vivant a organisé une randonnée découverte des sites de production des fils de lin au pays de Morlaix, une production qui a fait la richesse du pays au XVIIIème siècle.

Voir :


"Un kanndi (maison buandière du Léon)"

Des livres sur le sujet :




Le lin, le chanvre et Saint-Thégonnec

Le Lin à Commana


A partir du Moyen-Age, le développement économique entraîne une demande croissante de toile de chanvre pour les voiles des bateaux et pour l'emballage de marchandises et de toile de lin pour la fabrication de draps, de serviettes ou de chemises. Les marchands des régions de Landerneau, Locronan ou de Morlaix encouragent à cette époque la fabrication de ces toiles dans les arrières pays, riches en main d'œuvre. Fondement de l'économie, l'agriculture fournit la matière première de ce qui fut longtemps la principale activité industrielle de la région. Le lin est essentiellement cultivé dans les paroisses côtières, très peu sur le plateau léonard et pas du tout dans les paroisses de l'Arrée. Cependant, l'abondance des eaux de surface dans cette région permet le rouissage et le blanchissage des fils de lins. Le tissage est facilité par l'humidité ambiante qui évite au fil tendu sur le métier de casser.

Les tisserands sont en même temps paysans et utilisent les loisirs des mortes-saisons pour intensifier la production. Utilisant une technique propre à la région, les tisserands blanchissaient les fils avant de les tisser. Ces blanchissages se faisaient dans des buanderies ou blanchisseries (des kanndi) installées à proximité des cours d'eau où ils avaient un douët pour le lavage. Le blanchissage commençait au mois de février et ne se terminait qu'en octobre. La quasi-totalité des foyers possédait une buanderie et un métier à tisser.

L'aventure du lin débuta vers 1400 et connut son apogée vers 1660-1680 avant qu'une guerre avec l'Angleterre ne suspende le commerce entre les deux pays, or avant cette guerre, le marché anglais absorbait environ les 3/4 de la production de lin. Après la guerre, afin de protéger la fabrication nationale de draps et de lutter contre l'importation de draps anglais, Colbert instaura des barrières douanières, interdisant aux anglais de débarquer des draps ailleurs que dans les ports de Calais et St Valéry, ce qui aura des effets désastreux pour le lin breton car ne débarquant plus de draps à Morlaix, ils n'enlevaient pas non plus les fils et les toiles de lin et de chanvre. Les guerres de la Révolution et de l'Empire aggraveront cette décadence. C'est au début du 18ème siècle que les ateliers de tissage cessèrent définitivement leurs activités les uns après les autres, bien affaiblis et trop fortement concurrencés par l'arrivée d'un tissu moins cher (le coton).

Aujourd'hui encore, d'anciennes maisons de tisserands, facilement reconnaissables à leur architecture bien particulière, sont visibles dans la campagne de Commana.

Voir aussi : l'inventaire du patrimoine architectural et mobilier.


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