vendredi 20 mars 2009

You Must Believe In Spring





Enregistré en 1977, ce disque poignant, dont la tristesse n'a d'égale que la grandeur, ne fut pas édité du vivant de Bill Evans, mort en 1981. Une séance posthume mais aussi le testament du pianiste qui, en sept courtes plages, plonge dans la douleur et résume les principales tragédies de sa vie. La disparition de Scott LaFaro, son contrebassiste, la mort d'Ellaine, sa première femme, à laquelle il dédie "B Minor Waltz", le suicide, peu de temps auparavant, de son frère aîné qui lui inspire "We Will Meet Again" lui évoquent des musiques douloureuses et de grande beauté. Une souffrance que l'on retrouve dans le choix des standards qu'il reprend, la présence du thème de M.A.S.H., "Suicide Is Painless" ("Le suicide est indolore"), n'étant nullement gratuite. Accompagné par Eddie Gomez à la contrebasse et Eliott Zigmund à la batterie, le pianiste trouve les notes graves et justes qui conviennent en pareille circonstance, l'émotion lui dictant d'admirables musiques. Derrière les larmes existe aussi l'espoir, le retour d'un printemps auquel il nous faut croire.

mercredi 11 mars 2009

Voyage au delà de mon cerveau


La conférence de la neuro-anatomiste Jill Bolte Taylor traduite en français. La vidéo a fait le tour du monde tandis que son livre Voyage au-delà de mon cerveau sort en librairie.


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Voyage au-delà de mon cerveau :
Une neuro-anatomiste victime d'un accident cérébral raconte ses incroyables découvertes.
de Jill Bolte Taylor, traduit par Marie Boudewyn
Jean-Claude Lattès (29 octobre 2008)

Présentation de l'éditeur
Le jour où Jill Bolte Taylor, chercheuse en neurosciences à Harvard, est victime à trente-sept ans d'un accident vasculaire cérébral, sa vie bascule : elle assiste à la dégradation de ses facultés au point qu'en l'espace de quelques heures elle ne peut plus marcher, parler, lire, écrire, ni même se rappeler à quoi sa vie ressemblait jusque-là. Il y a quelque chose de Christophe Colomb chez cette femme qui a découvert et exploré les territoires les plus reculés de son cerveau. A travers son récit, elle nous confie avec autant de précision que d'humanité ses observations, ses émotions et ses techniques pour se réapproprier le monde durant les huit années qu'il lui a fallu pour retrouver toutes ses facultés. Expérience scientifique unique, cette fascinante exploration des rouages du cerveau se double d'un guide précieux à l'usage des victimes d'un accident cérébral, mais aussi d'un témoignage profondément émouvant sur la paix intérieure à laquelle chacun de nous peut accéder.

Biographie de l'auteur
Le Dr Jill Bolte Taylor, née en 1957, est neuro-anatomiste affiliée à l'université de l'Indiana et porte-parole de la Banque des cerveaux de Harvard. Le magazine Time l'a élue au nombre des cent personnes qui ont apporté le plus au monde en 2008.

Articles de presse :

L'incroyable guérison du Dr Jill Bolte Taylor (Le Figaro)

« Si mon odyssée intérieure m'a appris une chose, c'est que la quiétude est à notre portée. Il nous suffit, pour y parvenir, de faire taire la voix de notre hémisphère gauche dominant. » Cette voix compte, bavarde, évalue, suppute. Elle est capable de vous souffler les pires idées : découragement, fureur, peur. Elle nous structure aussi par le langage, la raison, la connaissance. Comment utilise-t-on alors son hémisphère droit ? Nul manuel ne nous a jamais appris le bonheur par mobilisation latéralisée de la matière grise. Jill Bolte Taylor suggère des pistes : la méditation, la création artistique, la prière.

Le commentaire de Psychologies

Ce récit engagé, à l’image de son auteur, considérée par le magazine Time comme l’une des cent personnalités les plus influentes en 2008, va aussi à l’encontre de nombre d’idées reçues concernant l’accompagnement des malades. Un message à partager.

mardi 10 mars 2009

"BRISER LES CHAINES QUI NOUS ENTRAVENT…"


Il n'y a pas de moyens pour atteindre la spiritualité. Il n'y a pas de méthodes, de systèmes, qui peuvent prévaloir dans ce domaine. Des qualités telles que la volonté, l'unité de direction vers le but, le pouvoir de concentration peuvent permettre de développer des pouvoirs. Ces pouvoirs peuvent être plus subtils que les possibilités physiques grossières, mais ne représentent jamais que des valeurs supra-sensorielles, c'est-à-dire d'autres sens plus complexes, plus fins, capables d'investiguer un domaine qui, pour n'être pas sensible avec les sens habituels, n'en est pas moins un domaine purement matériel. Ce développement de pouvoirs s'adresse à une qualité de matière plus élaborée, mais qui demeure matière. Le problème du pouvoir touche à un art, mais cet art est, non seulement à la portée de l'homme doué, mais à la portée de l'homme obstiné. Cela n'a rien à voir avec quoi que ce soit de spirituel, cela appartient au monde des phénomènes.

Aspirer à un monde spirituel peut quelquefois signifier et traduire un mécontentement et non la vraie compréhension de ce qui est spirituel. Quand ce mécontentement intervient et qu'on en rejette les termes sans essayer de comprendre ces termes et qu'on décide a priori de s'adonner à une recherche spirituelle, il y a là culture d'illusions, refus d'examiner les réalités, refus de comprendre et culture de valeurs vaniteuses et compensatrices. On se dit alors que l'on a soit du mérite, soit de la valeur parce qu'on se livre à une vie spirituelle, cela permet de masquer le mécontentement et d'entretenir une illusion.

Alors l'abîme se creuse jusqu'a ce que le moi fortifié par l'éveil de sa conscience psychologique ait affiné sa vision et son audibilité jusqu'à ce qu'il ait des yeux pour voir et des oreilles pour entendre… voir son chemin, son état, son "essentialité", et entendre la voix qui l'informe, le guide sous l'égide du veilleur silencieux.

C'est pourquoi l'accaparement du moi par un mental trop développé, un intellect à haute prétention, est extrêmement dangereux. Ce moi absorbe tout avec avidité et interprète à son profit ce qui fortifie cette "âme vivante" en opposition future à sa motivation en "esprit vivifiant". Le moi se grossit au détriment de ce qu'il devrait Etre.

Le spiritualiste et le matérialiste sont des hommes de la terre possédant une âme vivante susceptible de s'enfermer en elle-même sans parvenir à s'élever au niveau médian qui permet l'union avec l'esprit vivifiant.

Beaucoup d'hommes ont la prétention d'avoir compris ce que la tendance vers la spiritualité leur apprend par ce qu'ils ont lu beaucoup de livres et, parfois, connu, sans bien le reconnaître dans sa simplicité existentielle, un homme animé par un esprit vivifiant. Il sont victimes de l'illusion qu'ils pratiquent sans être parvenus à briser leur mental. Ils auront grande difficulté à la briser parce qu'il est pour eux un utile et merveilleux instrument qui se prête à leur donner grande satisfaction dans l'existence, mais qui les empêche de voir que la porte est étroite et qu'il leur faut beaucoup d'humilité pour l'approcher.

Autrement dit, l'homme de la terre subit, en la nourrissant, la force qui l'empêche de s'unir à l'homme du ciel. Il la nourrit cette force avec les éléments qui lui fournissent les pulsions telluriques, et il crée un ego-centre qui représente son moi, sa personne séparée de l'univers réel. Alors, le Calice au lieu de s'évaser, de s'achever en coupe offerte aux splendeurs akashiques, se retourne sur lui-même pour envelopper, recouvrir le moi qui s'alimente de ses propres productions. Dès lors ce "moi" se gonflera dans l'enveloppe qui le limite, comme une montgolfière avec le gaz hydrogène de ses intellections, de ses concepts systématisés qui pourront être des systèmes spiritualistes empruntés au savoir et riches des meilleures intentions dont l'Enfer est pavé. Il sera satisfait de lui-même et se voudra brillant comme un objet de cuivre bien astiqué ; il sera satisfait de ses nombreuses créations mentales qui ne sont que des manifestations de vanité, comme dit l'Ecclésiaste, et il ignorera l'état véritable de méditant, il ignorera la découverte qu'il peut faire de son origine, parce qu'il sera le thuriféraire de son "moi". Il méditera peut-être une demi-heure chaque matin ou chaque soir, ou plus exactement croira méditer, et se livrera, mental en bataille, à ses occupations journalières en ignorant que le vrai méditant ne cesse pas de méditer et que cela implique une attitude intérieure ouverte constante qui le fait rayonner et le rend, non plus satisfait, mais heureux.

Le mental se réfère à la lettre et n'entend pas les harmoniques que les messages reçus de grands êtres dotés d'un esprit vivifiant devraient faire vibrer ; le mental n'entend pas la variété des sens contenus dans la polyphonie du Verbe aux cycliques émissions. Le mental installe son autorité avec sa vaniteuse insuffisance et se marbre de fausses notions qu'il sécrète comme l'araignée sécrète les fils avec lesquels elle tisse sa toile.

Les hommes de notre dernier tiers de siècle ne tolèrent pas l'obscurité. C'est dans l'obscurité qu'ils s'agitent parce qu'ils n'ont pas découvert que l'obscurité vient d'eux-mêmes. Ils chérissent l'organisation que le mental met en place, et l'organisation ne permet pas à la lumière d'être exhaussée et de resplendir. Elle étouffe les voix comme elle voile tous les candélabres que la nature elle-même a dressés pour éclairer le chemin que nous parcourons en son sein en animant la flamme de notre conscience. L'organisation édifie une prison à laquelle elle donne le nom de temple, et le temple a un gardien détenteur des clés du lieu qu'il maintient fermé, là où la libre recherche permet la découverte par chacun de l'itinéraire qu'il a à suivre et où il retrouverait le sens de la tradition que l'on rendit obscur.

Pour l'homme de la terre centré sur son moi et enveloppé de son étoffe mentale aussi chatoyante soit-elle, la tradition est une lettre morte d'où tout rayonnement s'est évanoui ; elle a été trop longuement répétée et non comprise et s'est détournée d'interprétation en interprétation formée dans le même moule, si bien qu'elle a perdu son sens universel. Elle s'est encastrée dans la structure mécanique des choses qui ont perdu leur parfum de Vie et leur arôme divin ? Pour que ce parfum soit humé et cet arôme goûté, la tradition doit être à tout moment revivifiée, repensée spontanément dans le langage vivant qui fait saillir tout ce qu'elle contient de réalité éternelle comme elle fait vibrer le fil qui la relie de l'origine à l'aboutissement, de l'aboutissement à l'origine.

Ainsi où que soit l'homme sur la trajectoire de l'évolution, son génie doit se manifester dans l'éternel renouveau de la Parole qui par l'habitude et la répétition s'est perdue ; et pour que la Parole soit entendue dans sa présence vivante et vivifiante, ajustée au diapason du temps, il faut que l'homme sache que le mental doit s'ouvrir pour que le calice offre sa coupe élevée à la bénédiction du son pur qui est le Verbe original dépouillé des formes crasseuses dont les hommes l'ont recouvert.

Il est bon de trouver en chaque vibration du Verbe ce qui est éternellement actuel et vivant, et de découvrir toujours actif en soi l'Amour.

L'Amour invite à servir la Vie dans l'esprit nouveau et non dans la lettre ancienne.

L'Amour invite à être dans la nudité des sentiments d'un cœur en paix qui peux dire :

"Conduis-moi de l'irréel au réel, des ténèbres à la lumière, de la mort à l'immortalité".
(Brihadaranayaka Upanishad)

Adapté de :
"La Tragédie Cosmique de la Conscience"

de André Karquel.


  • Lead Us From the Unreal To Real,
  • Lead Us From Darkness To Light,
  • Lead Us From Death To Immortality,
  • Aum (the universal sound of God)
  • Let There Be Peace Peace Peace.
Brihadaranyaka Upanishad 1.3.28.